Depuis ce mardi 22 octobre 2019, le maire du District Adama Sangaré, est derrière les barreaux, accusé de détourent de dernier public dans un projet d’électrification de la ville de Bamako, il y a près de 10 ans cela. Mais la question qui taraude les esprits est de savoir qui a dénoncé la gestion de notre cher maire pour que son dossier vieux d’une décennie parachute sur la table du procureur anticorruption ?
Comme on le dit, « Personne n’est au-dessus de la loi », mais dans un contexte de gouvernance très controversé, l’image dans le Mali du président IBK, le choix des dossiers à juger doit faire l’objet de rigueur. Au risque pour le procureur ou les juges de se faire ridiculiser, comme c’est le cas avec le dossier Adama Sangaré où aucun dénonciateur n’a été cité. En effet, jusque-là, tous les dossiers, ouvert par la justice l’ont été suite à des dénonciations. L’on se rappelle, dans l’affaire Bakary Togola, le procureur Mamadou Kasongué disait avoir déclenché la procédure à la suite d’une ‘’dénonciation anonyme’’. Arrêté puis écroué sous mandat de dépôt, depuis plus d’un mois, il est de « corruption » et de « détournements de deniers publics ». Il doit à cet effet justifier la disparition d’environ 10 milliards de nos francs. Une affaire de ristournes où des investigations ont permis de réunir des preuves accablantes.
Aussi, c’est suite à une dénonciation de la Plateforme de Lutte contre la Corruption et le Chômage (PLCC) que le président de l’Assemblée Régionale de Kayes, M. Bandiougou Diawara et quatre de ses collaborateurs ont été interpellés et placés sous mandat de dépôt, le samedi 21 septembre dernier, par le Pôle économique et financier de la première région. Et leur arrestation serait due à un présumé détournement de plus de vingt milliards de francs CFA.
Tout récemment, l’ancien général Moussa Sinko COULIBALY avait été entendu au camp I de la gendarmerie à la suite d’une ‘’dénonciation anonyme’’ d’un citoyen, avant d’y ressortir libre. C’était au sujet de son tweet, appelant à mettre fin au régime d’IBK, l’ancien général Moussa Sinko Coulibaly a été convoqué, le jeudi 10 octobre 2019 au Camp I de la gendarmerie nationale. L’homme ayant gaillardement soutenu de renverser le régime pour, dit-il, « abréger la souffrance des Maliens », à la suite du massacre de Boulkessi.
Or, il se trouve que dans le cas de l’arrestation de Adama Sangaré, l’opinion publique est restée nostalgique, des raisons qui ont conduit à l’ouverture de son dossier. Est-ce par dénonciation anonyme ou simple initiative du procureur de la république. La précision est importante pour les Maliens assoiffés de justice, dans un contexte sécuritaire tendu. En tout cas, notre justice semble faire un saut dans le passé en sortant du tiroir un dossier qui remonte à dix ans environ (2010). Pourtant, des affaires plus récentes et fracassantes comme celle de l’avion cloué au sol, des équipements militaires et même l’occupation illicite de la zone aéroportuaire de Bamako Sénou défraient la chronique. « C’est comme réveillé un vieux Mammouth », ironisent certains observateurs.
D’ailleurs, ses partisans n’hésitent plus à parler d’un règlement de compte politique pour deux raisons essentielles. Tout d’abord, en plus du fait que l’affaire remonte dans le temps, l’opinion attend depuis 48 heures la sortie du procureur sur le dossier.
Par Abdoulaye OUATTARA